Chers amis,
Luc commence son récit en précisant son intention. « Il m’a paru bon, après m’être informé soigneusement de tout à partir des origines, d’en écrire pour toi un récit ordonné. » (Lc 1, 3) C’est « le récit des événements accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la Parole. » (Lc 1, 1-2)
Ces événements, cette Parole, c’est une personne : Jésus de Nazareth. L’histoire unique et singulière de Jésus qui nous est rapportée ici par Luc, mais aussi par Matthieu, Marc et Jean, est la Parole définitive que Dieu dit à l’humanité.
L’amour de Dieu se manifeste dans la création. L’amour de Dieu se révèle petit à petit dans l’Ancien Testament et à travers toute l’histoire du Salut. Dieu, qui recherche l’homme pour le guérir et le réconcilier avec lui, est devenu dans le Christ un homme. « La Parole ne s’exprime plus ici d’abord à travers un discours, fait de concepts ou de règles. Ici, nous sommes mis face à la Personne même de Jésus. » (Benoît XVI, Verbum domini, n°11)
Vous inviter à lire l’évangile de Luc est, pour l’évêque que je suis, avec tous les chrétiens du diocèse du Mans, une manière de me situer dans la continuité de Luc et de tous ceux qui ont servi la Parole au cours des siècles. Nous transmettons ce que nous avons reçu. Ce n’est pas notre opinion personnelle sur la vie et la mort, ce n’est pas seulement un livre. Mais nous transmettons le trésor que nous portons, c’est-à-dire Jésus, comme l’exprimait déjà Saint Paul : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu ; le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures » (1 Cor 15, 3)
Il est vrai que nous portons ce trésor dans des poteries sans valeur, comme le dit encore St Paul, à travers des institutions et des moyens marqués par nos limites humaines. Cependant, nous ne pouvons pas garder ce trésor pour nous.
Que vous soyez profondément croyant, que vous vous sentiez loin de Dieu, quelque soit votre situation, vos convictions, vos joies, vos souffrances, je vous invite à lire.
Lire l’Évangile n’est pas en premier lieu une question d’étude historique ou exégétique, même si cela est nécessaire. C’est accueillir le texte comme il nous est donné, sans y projeter nos opinions préalables. Qui est Jésus ? Que dit-il ? Que fait-il ? Telles sont les questions qui doivent accompagner notre lecture. Nous voyons Jésus s’approcher des pauvres et des malades. Nous le voyons parler en utilisant des paraboles pour nous dire qui est son Père. Nous le voyons rencontrer des personnes. Nous le voyons souffrir, mourir et ressusciter.
L’Église croit que Dieu nous parle quand nous lisons l’Écriture, quand nous regardons Jésus à travers ce que dit le texte. Je vous invite, tout en lisant, à entrer en dialogue avec lui pour mieux comprendre qui il est. Plus précisément pour découvrir combien son amour, sa tendresse, sa miséricorde sont infinis.
En accueillant la Parole, nous en deviendrons les serviteurs.
+ Yves Le Saux
Evêque du Mans